Samouraïs & Katanas

Histoire du katana : son évolution à travers les siècles

Le katana, ou sabre japonais, est une arme blanche traditionnelle chargée d'histoire et de légendes. À la fois arme et œuvre d'art, le katana reste l'apanage des samouraïs qui dominent le Japon féodal. Généralement forgé par des maîtres artisans, le sabre japonais a évolué au fil des siècles.
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Lame de katana

Les origines du sabre japonais


L'ancêtre du katana est le tachi, apparu au milieu de l'époque de Heian (794 - 1185). Jusque-là, toutes les armes blanches du Japon étaient appelées jōkotō. Ces armes étaient des épées à deux tranchants avec une ligne droite. Puis les lames droites à simple tranchant se développent. Les premières courbures des lames émergent à la fin de la période d'Asuka (538 - 710). Fines pour être plus tranchantes, les lames ont tendance à se courber naturellement lors de leur passage à la forge. Cette courbure se produit de façon mécanique lorsque le dos de la lame est proche du tranchant. Cette évolution correspond aux besoins des guerriers qui combattent à cheval, la forme droite ne convenant plus aux cavaliers.
Statue de Date Masamune, Aobayama Park, Château d'Aoba, Ville de Sendai, Japon #Terressens (AdobeStock n° 266620503)
- Statue de Date Masamune, Aobayama Park, Château d'Aoba, Ville de Sendai, Japon -
Date Masamune (伊達 政宗, 5 septembre 1567-27 juin 1636) a été un des daimyos qui ont dirigé la région de Tōhoku au Japon.

Les premiers sabres sont aussi appelés jōkotō. Parmi les différents types de jōkotō qui existent, le tachi est l'ancêtre direct du katana. Sa lame est longue, d'environ 80 cm, avec une courbure plus marquée vers la garde et une trempe droite. Ce grand sabre de cavalerie se porte au côté gauche, le tranchant vers le bas.

À la fin de l'époque de Heian et jusqu'à l'époque de Muromachi (1333 - 1573), les sabres prennent le nom de kotō. Ce sont des tachi dont la lame devient de plus en plus courbée. Les forgerons découvrent que la courbure, loin d'être un défaut, améliore la résistance aux chocs et la coupe. Ils travaillent aussi la pointe et affinent le fil de la lame pour que le sabre soit plus tranchant. Avec des lignes de trempe mieux exécutées et la soie de la lame perfectionnée, les forgerons maîtrisent désormais les techniques de forge.

Différentes écoles de forge naissent alors au Japon. L'école Senjuin se forme en 1184, avec la tradition Yamato. En 1187, l'école Awataguchi est créée, avec la tradition Yamashiro de Sanjo Munechika. Puis, l'école Ichimonji permet à la tradition Bizen d'éclore. C'est elle qui remportera le plus de succès, produisant des lames luxueuses.


Une arme pour protéger le pays


De 1185 à 1603, la période féodale du Japon est caractérisée par l'émergence de la classe guerrière des samouraïs. De plus en plus puissants, ceux-ci finissent par remplacer l'aristocratie. De nouveaux dirigeants militaires, les shoguns, émergent alors que le pouvoir des empereurs décline. La société féodale s'organise autour des seigneurs et de leurs vassaux. De nombreuses guerres civiles font rage entre les seigneurs de guerre rivaux.

Tout au long de la période Kamakura (1185 - 1333), les guerres favorisent la fabrication des sabres et de nombreuses forges se créent à travers le Japon. Les forgerons travaillent de façon plus personnalisée, avec des aciers de meilleure qualité. Un forgeron en particulier brille par son travail : il s'agit de Yukimitsu, venant de la tradition Yamashiro. Apportant diverses modifications techniques, Yukimitsu crée la tradition Sōshu. Les sabres s'allongent, leur pointe ou kissaki s'affine et la soie du sabre s'élargit.
Statue de Chosokabe Motochika, Nagahama, Kōchi, Japon #Terressens (AdobeStock n° 319658013)
- Statue de Chosokabe Motochika, Nagahama, Kōchi, Japon -
Chōsokabe Motochika (長宗我部 元親, 1538-11 juillet 1599) est un daimyo de l'époque Sengoku. Vingt et unième chef du clan Chōsokabe (aujourd'hui dans la préfecture de Kōchi), il est le fils et l'héritier de Chōsokabe Kunichika ; sa mère est une fille du clan Saito de la province de Mino.

En 1274 et 1281, les armées mongoles de Kubilaï Khan se lancent à l'assaut du Japon. Ces deux campagnes se soldent par un échec. Mais la crainte d'une troisième tentative d'invasion bouleverse le monde des forgerons. Ceux-ci créent alors des sabres plus solides, certains revenant à des formes droites.

De 1333 à 1392, pendant l'ère Nanboku-chō, les sabres deviennent encore plus imposants, larges et avec une courbure prononcée. C'est la naissance des nodachi aux lames plus agressives. Au cours de cette période naît la cinquième tradition : la tradition Mino. La tradition Sōshu s'affermit alors que les traditions Yamato et Yamashiro déclinent et fusionnent. Les tachi ne sont pas seulement des armes. Ce sont aussi des œuvres d'art, démonstration du savoir-faire d'un forgeron de renom et de sa technique de forge.

Naissance du katana


Le nom de katana apparaît vers l'an 1400, pendant l'ère Muromachi (1392 - 1573). Jusqu'alors, les tachi longs et courbés étaient portés la lame vers le bas. Ils ne permettaient pas de dégainer et frapper dans un même mouvement. Pour pouvoir exécuter cette manœuvre, les forgerons font des lames plus courtes, d'environ 70 cm, moins larges et plus épaisses. Le tachi de type kotō est remplacé par le katana, premier sabre à être porté la lame vers le haut.
Statue de Sasaki Kojirô, Iwakuni, Japon #Terressens (AdobeStock n° 304541225)
- Statue de Sasaki Kojirô, Iwakuni, Japon -
Sasaki Kojirō (佐々木 小次郎, ?-13 avril 1612), dit Ganryū, était un fameux bretteur japonais, des époques Sengoku et Edo.

Au début de l'époque Azuchi Momoyama (1573 - 1603), un nouveau sabre appelé shintō voit le jour. Les styles se mélangent, les dernières traditions de forge se perdent. Durant cette époque, le Japon connaît une période de faste. De nombreux châteaux sont construits. Des villages s'établissent, favorisant le développement de l'artisanat et l'apparition de grands maîtres forgerons dans tout le Japon. Les anciennes techniques sont peu à peu retrouvées et adaptées à des méthodes plus modernes.

Les shintō sont utilisés jusqu'à la fin de l'époque d'Edo (1603 - 1868). Deux grands types de shintō sont créés. Les Osaka shintō, fabriqués à l'ouest du Japon, sont raffinés et richement décorés. Les Edo shintō, sobres et imposants, viennent de l'est du Japon. Leurs qualités techniques prévalent sur leur esthétique.

La fin de l'époque d'Edo marque la naissance des Shinshintō. Les différentes techniques de forge se confondent. Comme les artisans peuvent se fournir en acier brut Tamahagane prêt à l'emploi, les sabres ne présentent plus de différences dans le grain de l'acier. Les lames forgées sont brillantes et claires.


Le déclin des samouraïs


La restauration impériale de 1868 met fin à la classe dominante des samouraïs. Les campagnes de recrutement de l'armée se font dans toutes les couches de la société. Les samouraïs ne possèdent plus le monopole de la puissance militaire. En 1876, ils perdent le privilège de circuler à cheval et le port du sabre leur est interdit. Ils obéissent et s'intègrent à l'administration ou se lancent dans le monde des affaires. Ce bouleversement frappe les forgerons de plein fouet. La production s'effondre et seuls les meilleurs artisans peuvent subsister. Les sabres japonais n'évoluent plus. Ils deviennent des objets d'art et certains sont considérés comme des trésors nationaux.


Le katana moderne


Pendant la seconde guerre mondiale naît le showatō. C'est le dernier sabre japonais à usage militaire. L'armée japonaise doit équiper de sabres tous ses officiers. Pour pouvoir produire en masse, l'acier traditionnel est abandonné au profit d'un acier industriel moins coûteux. Les techniques anciennes sont remplacées par des méthodes modernes. Ces showatō appelés aussi guntō sont produits de façon non traditionnelle et leur qualité est médiocre. Les sabres japonais de bonne qualité produits pendant cette période sont appelés gendaitō. Contrairement aux showatō, ils sont forgés dans le respect des traditions.
Katana contemporain #Terressens (AdobeStock n° 159264931)
- Katana contemporain -

Le Nihon Bijutsu Token Hozon Kyokai (NBTHK), ou « Société pour la préservation de l'art des sabres japonais » est un organisme fondé par le gouvernement japonais en 1948. Cette société répertorie les anciens sabres, assure leur sauvegarde et les classe selon quatre niveaux de valeur. Tous les ans, elle organise des concours où les forgerons peuvent se mesurer. La réussite à ce concours prestigieux apporte une grande notoriété. Les sabres ainsi forgés selon les traditions ancestrales atteignent presque le niveau d'excellence des plus fameuses lames d'autrefois.

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