Début XIVᵉ siècle, en Italie, à Gênes.
La renommée des Cocharelli n'est plus à faire tant ces derniers excellent dans un domaine qu'ils pratiquent en famille et qu'ils se transmettent de générations en générations : la banque.
C'est pourquoi le petit-fils Jean n'est pas peu fier de poser entre son grand-père Pelegrino et son père, tous trois parés de somptueux et riches vêtements.
Cette réunion, si touchante soit-elle, symbolise la pérennité et le prestige de l'entreprise, mais il n'est de réelle réussite sans une éducation de haut niveau que l'on réserve aux successeurs.
Avisés, les Cocharelli ne limitent pas l'instruction aux seuls arcanes du secteur financier, lequel fort sollicité depuis déjà deux siècles, notamment avec les croisades, requiert une finesse d'esprit et un réel sens politique.
« Petit Jean » est donc initié à de nombreuses autres matières afin de l'habituer à ouvrir ses yeux sur le vaste monde. Ses ascendants n'ont de cesse de l'emmener observer la nature, de l'étudier dans ses moindres recoins. Il développe ainsi acuité et sens du détail.
Bien évidemment des notes sont prises, des dessins et enluminures sont réalisés, avant d'être reliés dans des manuscrits dont il ne reste aujourd'hui et malheureusement que peu de feuillets, qui plus est, dispersés en diverses bibliothèques.
Si part belle est réservée à la Nature, il ne faut pas oublier le domaine de l'Histoire. Deux enluminures témoignent de faits historiques importants¹, dont la prise de Tripoli en avril 1289.
« Que dedans l'an, leur cité amènerait [...] en ruine, [...] ainsi qu'il l'avait fait à Triple »
La menace vise Acre qui sera prise peu après. Le sac de Tripoli ne sert qu'à une simple et courte allusion.
L'image est d'un réalisme sidérant et témoigne de l'extrême cruauté, souvent commune à toute conquête, au Moyen Âge comme de tous temps.
Une source manuscrite française corrobore les faits avec approximativement les mots suivants :
« En l'an mil et deux cents et quatre-vingt-neuf, au mois de mars, assiégea Tripoli le soudan Dalfin (sultan Qalawun Al Alfi) et fut prise par force d'engins et d'assaut le dernier jour d'avril (le 29). Et se recueillirent les gens en l'isle de Saint-Thomas en vaisseaux. Et passèrent à nous les Sarrasins en l'isle et les mirent tous à l'épée. »
in BN-Fr 6447 page 375
La plupart des habitants sont massacrés, à l'exception de quelques rescapés qui ont juste eu le temps de fuir en bateau vers l'île de Chypre.
D'autres survivants évitent la mort mais une autre épreuve les attend, qu'ils soient enfants, femmes ou hommes, celle de l'esclavage.
Chemise, gambison, cotte de maille, tabard ou cape...
Calot, cervelière, heaume ou casque...
Épée à une main ou à deux mains...
Bouclier ou dague...
Finalement, est-ce l’équipement qui fait le chevalier ou est-ce le chevalier qui donne vie à son équipement ?
Même si au fil du temps les métaux ont évolué, même si les formes se sont modifiées, le symbole n'a jamais changé : préserver son combattant, combattre l'ennemi, appartenir à un clan ou une communauté mais surtout afficher haut et fort son identité !
Inventez-vous ou ré-inventez-vous si besoin, mais n'oubliez pas qui vous êtes.