Pour bien marquer qu'il en porte le titre, le chevalier prend soin de porter des éperons d'or. Mais ceux-ci sont rarement représentés sur les enluminures.
Ils apparaissent cependant dans les chroniques historiques du Moyen Âge en prêtant leur nom à divers événements historiques dont la bataille de Courtray en juillet 1302.
Mais politique et économie font souvent piètre ménage.
Sujet de discorde depuis le douzième siècle, les terres d'Aquitaine sont de nouveau à l'origine d'un conflit entre royaumes français et anglais. La guerre que déclare Philippe le Bel en 1294 à Édouard Premier, pour des territoires certes éloignés de la Flandre, y crée cependant un profond malaise chez les industriels dont les principaux fournisseurs de laines sont précisément anglais.
Pour ces mêmes raisons, le comte de Flandre ne souhaite pas rompre avec Édouard et s'attire ainsi les foudres du pouvoir royal français. Las de l'autoritarisme contraignant de ce dernier, le comte s'engage trois ans plus tard dans une guerre dite de Flandre avec, pour particularité parmi les troupes flamandes, une forte présence de rebelles et résistants issus du peuple plus que de soldats de métier comme dans l'armée française.
Forts d'une potentielle supériorité militaire, les Français ont-ils pêché par arrogance ?
En ce 11 juillet 1304, ils essuient une lourde défaite et perdent la place-forte de Courtray. Pis encore, pour l'honneur de la France et de son roi, les rebelles ne sont pas au fait des coutumes guerrières.
Au lieu de prendre des otages et d'en espérer rançons, ils massacrent les chevaliers mis à terre et s'emparent de leurs éperons d'or qu'ils placent, telles des reliques, dans l'église de Courtray.
Bien qu'affaibli et déshonoré par cet acte de résistance, Philippe Le Bel contre-attaque deux ans plus tard et reprend autorité sur la Flandre, suite à des victoires dont celle de Mons-en-Pévèle (18 août 1304) que mentionne encore au dix-huitième siècle, la carte de Cassini.
Victorieux mais prudent, car ayant pris conscience de l'opiniâtreté du peuple flamand, Philippe Le Bel modère ses tendances autoritaires et évite toute provocation dont celle, symbolique, de reprendre les éperons.
Les révoltes ne sont néanmoins jamais loin, éventuellement encouragées en sous-main par les Anglais, et occasionnent d'autres batailles dont celle de Cassel en 1328, sous le règne de Philippe VI de Valois.
Le déclenchement de la guerre de Cent Ans en 1337 ne fait qu'accroître l'instabilité locale et provoquer d'autres affrontements comme sur l'île flamande de Cadzand que les Anglais veulent prendre à leurs habitants, pour une fois en accord avec les Français.
C'est seulement en 1382, sous le règne de Charles VI et à l'issue d'une autre victoire, celle de Roosebeck, que les éperons d'or sont repris et rapportés en la basilique Saint-Denis.
Chemise, gambison, cotte de maille, tabard ou cape...
Calot, cervelière, heaume ou casque...
Épée à une main ou à deux mains...
Bouclier ou dague...
Finalement, est-ce l’équipement qui fait le chevalier ou est-ce le chevalier qui donne vie à son équipement ?
Même si au fil du temps les métaux ont évolué, même si les formes se sont modifiées, le symbole n'a jamais changé : préserver son combattant, combattre l'ennemi, appartenir à un clan ou une communauté mais surtout afficher haut et fort son identité !
Inventez-vous ou ré-inventez-vous si besoin, mais n'oubliez pas qui vous êtes.