En cet été 1214, Gervais de Tilbury, juge mage à Arles est inquiet.
Un messager vient de lui faire savoir que son ami et protecteur, l'empereur Othon IV, à qui il dédiera bientôt son Otia imperialia, est engagé en Flandre, dans un affrontement qu'il pressent comme celui de trop.
Dans les jours qui suivent, Gervais se met à éprouver de plus ne plus de difficultés au moment de se concentrer sur des textes de lois, tant son esprit est préoccupé par cette nouvelle guerre.
Saisit-il la plume d'oie que sa main se met à trembler, mettant à mal alinéas et articles, tels des chevaliers que la piétaille désarçonne sur le champ de bataille.
Il a beau être loin, très loin, trop loin de ce Bouvines où se joue peut-être l'avenir du Saint-Empire, il lui semble sans cesse qu'au froid septentrional du vent qui descend le long du Rhône, s'ajoute le fracas des brans, lances, dagues et épées quand ils heurtent violemment cuirasses, heaumes, écus et boucliers.
L'ennemi, Philippe II, roi de France que d'aucuns prétendent Auguste, dispose d'une troupe inférieure en nombre. En outre, sous l'étendard d'Othon, ce sont des combattants déterminés qui se sont coalisés pour épauler les Flamands. Ils sont Allemands, Anglais et même Français, tous unis pour refuser le joug de l'arrogant Philippe II. Sans oublier Jean sans Terre qui asticote ce dernier en guerroyant entre Saintonge et Poitou.
Mais chassez le doute, il n'en revient que plus fort, au cœur des cauchemars et précède la terrible nouvelle qui parvient peu après : Othon IV a perdu face à Philippe II.
Comment est-ce Dieu possible ?
Gervais se rend à l'évidence, le roi français s'est montré meilleur stratège.
Il a d'abord fait bon choix en envoyant son propre fils Louis VIII mater les troupes de Jean sans Terre.
Le jeune futur roi remporte une éclatante victoire le 2 juillet 1214 sur les rives de la Loire, à la Roche-aux-Moines, libérant ainsi l'esprit de Philippe II qui peut désormais se concentrer uniquement sur la reprise en main de la Flandre.
Enfin, à l'heure des affrontements, Philippe II a su gérer son infériorité numérique en attirant l'ennemi sur des champs de bataille trop exigus pour que l'ost ennemi se déploie à son avantage.
La mort dans l'âme, Gervais reconnaît l'habileté du souverain français.
Quant à Othon IV, conspué par les princes, il est rapidement destitué et remplacé à la tête du Saint Empire par Frédéric II.
Gervais apprend en outre que son ami et protecteur s'est retiré sur les seules terres du Brunswick qui ne lui ont pas été confisquées.
Fidèle parmi les rares fidèles, Gervais de Tilbury délaisse peu à peu ses fonctions en Arles et se rapproche de l'empereur déchu en prenant la charge de prévôt du monastère d'Ebstorf.
A-t-il cependant, en ce lieu de silence et de recueillement, effacé de son esprit la défaite et les fracas guerriers de Bouvines ?
Qui n'a pas rêvé d'être un jour ce chevalier, pourfendeur de dragons, héros des champs de batailles, combattant aguerrit, stratège et visionnaire, craint et aimé. Période de renouveau et de découvertes, précurseur des révolutions commerciales et intellectuelles, le Moyen Age est un formidable terrain de jeux pour qui sait s'ouvrir aux passions, aux grandes épopées, à l'engagement et à l'Histoire. Du roi Arthur aux Templiers, l'épée a toujours été le signe distinctif du Chevalier. Transmise de père en fils, offerte par le seigneur, dédiée à une cause, son symbole a traversé le temps pour arriver à vous aujourd'hui. Et parce que le Moyen Age ne se limite pas aux combats, laissez-vous embarquer dans la découverte d'ouvrages à feuilleter et de châteaux et de lieux à visiter.
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