L'homme, l'homme, l'homme armé, l'homme armé,
l'homme armé doibt on doubter.
On a fait partout crier [Que chascun se viegne armer★], à l'assaut
D'un haubregon de fer, l'homme, l'homme, l'homme armé, l'homme armé, l'homme armé doibt on doubter.
★ Dans cette version, le texte original [en grisé] a été remplacé par « à l'assaut ».
Origine...
Moitié du quinzième siècle, une chanson anonyme, aux paroles profanes, devient extrêmement populaire dans toute l'Europe occidentale.
Son origine est incertaine. Une hypothèse semble cependant s'affirmer. Cette chanson à la mélodie claironnante aurait été composée au fond d'une taverne de Cambrai dont elle emprunterait en partie le nom : La maison de l'homme armé. Rien n'est moins sûr mais l'idée est plaisante, d'autant que, non loin de l'estaminet, réside un des plus grands compositeurs du siècle, Guillaume Dufay (1397-1474) qui va comme beaucoup d'autres contribuer à son essor, pour le moins inattendu.
Comme le prouve cet exemple, le texte est plus ou moins préservé. Il peut être également reproduit sur les autres voix, ou complété par d'autres textes qui se superposent comme dans le rondeau attribué supposément à Robert Morton (XVᵉ siècle) où apparaissent de singulières paroles dont l'extrait suivant : Il sera par vous combattu, le (re)doubté Turc [...].
Est-il fait allusion aux auteurs de la prise de Constantinople en 1453, puis de la chute définitive de l'Empire romain d'Orient en 1461 ?
Considérée depuis Cambrai, sous le règne du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui envisagea un temps une croisade contre les Turcs, la chanson prend une hypothétique dimension dramatique.
Cela expliquerait le fait que « l'homme armé » acquit une dimension solennelle, voire sacrée qui expliquerait qu'elle inspirera dès la fin du Moyen Âge et pendant toute la Renaissance la création de plus de quarante messes signées par les plus grands compositeurs de leurs temps.
Les messes sont toutes conçues avec cinq mouvements dits ordinaires : kyrie, gloria, credo, sanctus et agnus. Le texte latin remplace évidemment les paroles profanes. Seul le titre « L'homme armé » est mentionné.
Une autre théorie aborde le sujet sous un angle plus léger, voire satirique à l'endroit des chevaliers quand ils participent à des tournois ou des entraînements. Lors de l'épreuve de la quintaine, pour motiver les chevaliers, la cible mouvante représente parfois le buste et le visage de l'ennemi du moment.
De là proviendrait, depuis le quinzième siècle, l'expression toujours en usage : « la tête de Turc ».
Pour terminer sur une note plus pacifique, attendu que l'homme armé ne se refuse aucun paradoxe, au risque toutefois de frôler l'oxymore, il affirme de nouveau sa présence dans des œuvres contemporaines. En 1999, il est inclus dans une messe pour la paix signée Karl Jenkins en hommage aux victimes de la guerre du Kosovo. En 2019, il inspire Joël Jarventausta qui remporte le premier prix du concours de composition de l'orchestre national d'Île-de-France.
Qui n'a pas rêvé d'être un jour ce chevalier, pourfendeur de dragons, héros des champs de batailles, combattant aguerrit, stratège et visionnaire, craint et aimé. Période de renouveau et de découvertes, précurseur des révolutions commerciales et intellectuelles, le Moyen Age est un formidable terrain de jeux pour qui sait s'ouvrir aux passions, aux grandes épopées, à l'engagement et à l'Histoire. Du roi Arthur aux Templiers, l'épée a toujours été le signe distinctif du Chevalier. Transmise de père en fils, offerte par le seigneur, dédiée à une cause, son symbole a traversé le temps pour arriver à vous aujourd'hui. Et parce que le Moyen Age ne se limite pas aux combats, laissez-vous embarquer dans la découverte d'ouvrages à feuilleter et de châteaux et de lieux à visiter.
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