« Vérité
Princes puissants qui trésors affinez
Et ne finez de forger grands discors,
Qui dominez, qui le peuple aminez,
Qui ruminez, qui gens persécutez,
Et tourmentez les âmes et les corps, »
Ainsi commence la diatribe à l'encontre des grands au service desquels Jean Molinet est pourtant attaché. Mais qui est-il ?
Le poète et musicien Jean Molinet naît en 1435, à Desvres, dans l'actuel département du Pas-de-Calais. Dès ses primes années, il ne peut que ressentir les tourments que subissent les peuples dans une France engluée depuis 1337 dans une guerre interminable et séculaire, au sein de territoires du nord que se disputent come des chiffonniers les souverains de part et d'autre de la Manche.
ean Molinet a cependant le privilège d'étudier et même de se rendre à Paris en un collège renommé dont il sort avec le titre de maître es arts. Fort d'un tel diplôme, Jean Molinet s'empresse d'être recruté en bonne place, c'est à dire en la cour de quelque puissant.
Il frappe à toutes les portes, du parti de France ou de ses ennemis et rivaux, sans trop de succès et ne connaît de stabilité qu'à partir de l'âge de 32 ans, à la cour du duc de Savoie où il réside pendant cinq ans jusqu'à la mort de son protecteur Amédée IX. Il rejoint ensuite la très influente cour de Bourgogne, sous suzeraineté de Charles le Téméraire (1433-1477). Il y est fait chevalier mais ne combat guère. C'est avec sa plume qu'il officie, comme secrétaire du chroniqueur officiel, auquel il succède en 1475.
Désormais et jusqu'à son décès en 1507, en divers lieux et cours dépendants ou proches du saint empire romain germanique, Jean Molinet consacre la plupart de son temps à décrire la société de son temps.
Il n'est certes point seul à occuper de telles fonctions. Car tous les dirigeants ont à cœur d'entrer dans l'Histoire, quitte à ce que celle-ci soit arrangée au profit de l'image qu'ils souhaitent léguer à la postérité.
« Tranchez, coupez, détranchez, découpez,
Frappez, happez bannières et barons,
Lanchiez, hurtez, balanciez, behourdez,
Quérez, trouvez, conquérez, controuvez,
Cornez, sonnez trompettes et clairons,
Fendez talons, pourfendez orteillons, »
Et il n'est d'écu ou de bouclier qui ne saurait plier et se rompre sous les coups répétés de mots alitérés, en une frappe méthodique et plurielle de spondées et dactyles unis comme une armée en un redoutable bataillon de décasyllabes.
Enfin, Jean Molinet porte le dernier coup, l'ultime estoc, celui dit de grâce, telle une prophétie qu'on s'attendrait à ouïr encore de nos jours en quelque quartier dit défavorisé et dans la bouche d'un rapeur dont il est le lointain précurseur.
« Tirez canons, faites grands espourris
Dedans cent ans vous serez tous pourris. »
« […]
Par vos gens sont laboureurs lapidés,
Cassis cassés, confrères confondus,
Gallans gallez, jardiniers gratinez ;
Rentiers robez, receveurs rançonnez,
Pays passez, paysans pourfendus,
Abbés abbus, appentis abattus,
Bourgeois battus, baguettes butinées,
Vieillards vanez et vierges violées.
[…] »
Après avoir asséné ses vérités dont celle commentée ici, Jean Molinet termine son existence comme prêtre jusqu'à son décès en 1507 à Valenciennes.
Ne l'avait-il pas écrit ?
Qui n'a pas rêvé d'être un jour ce chevalier, pourfendeur de dragons, héros des champs de batailles, combattant aguerrit, stratège et visionnaire, craint et aimé. Période de renouveau et de découvertes, précurseur des révolutions commerciales et intellectuelles, le Moyen Age est un formidable terrain de jeux pour qui sait s'ouvrir aux passions, aux grandes épopées, à l'engagement et à l'Histoire. Du roi Arthur aux Templiers, l'épée a toujours été le signe distinctif du Chevalier. Transmise de père en fils, offerte par le seigneur, dédiée à une cause, son symbole a traversé le temps pour arriver à vous aujourd'hui. Et parce que le Moyen Age ne se limite pas aux combats, laissez-vous embarquer dans la découverte d'ouvrages à feuilleter et de châteaux et de lieux à visiter.
#Terressens est là pour vous accompagner sur ce chemin de découvertes, de passions et de Sens. Entrez dans notre Monde et rêvez avec nous.