« Chers confrères qui, comme moi, œuvrez à façonner le métal, je ne peux que partager une mienne bonne nouvelle et le cas échéant vous inciter, que dis-je, vous inviter, à rejoindre ma corporation* ou d'autres d'égaux bons profits.
* Selon un registre appelé "rôle", Paris comptait quatre maîtres hauberguiers en 1292
Nous devons au nouveau prévôt de Paris où j'officie, le bien-nommé, Étienne Boileau, la rédaction d'un livre des métiers qui apporte enfin toutes règles utiles aux diverses professions et spécialités qui sont nôtres, dont celle que je revendique et mets au service des chevaliers pour assurer leur protection lors des combats, celle de haubergier, lequel doit son nom aux hauberts et aux cottes de mailles qui sortent de son atelier.
Ce précieux registre va enfin mettre hors la cité, les abuseurs et sujets de mauvais commerce qui déshonorent toutes confréries dont la nôtre.
Voici ce qu'il en est concernant les haubergiers, dont je suis et selon la compréhension que j'ai cru bon en avoir. Je me suis autorisé à ajouter quelques remarques que j'espère du meilleur sens.
1/ Le métier n'est pas assujetti à quelque prébende à verser au roi, à la seule condition toutefois que cil qui se dit heaubergier en sache le métier.
NB Les maîtres heaumiers, qui forgent les heaumes n'ont pas cette chance. Ils doivent acheter leur métier au roi.
2/ Quiconque est haubergier peut avoir autant d'apprentis qu'il souhaite et ouvrir toute la nuit si le métier le requiert.
NB Les commandes des chevaliers et autres porteurs de nos cottes n'attendent pas !
3/ L'haubergier peut utiliser toute matière qui bon lui semble, même si icelle provient d'autres pays.
NB Il est de fait des pays dont les minerais sont de meilleures factures et desquels extrait-on les métaux les plus purs.
4/ L'haubergier peut exposer lors des foires.
NB Que des chevaliers et gens d'armes de toutes fonctions ai-je ainsi rencontrés et qui ont pris commandes !
J'espère qu'enfin par la bonne mesure de notre prévôt et sous la bienveillante protection de saint Georges, nous n'aurons plus à craindre la concurrence de vils marchands qui ne savent que vendre des hauberts sans en distinguer la réelle nature, de fer ou d'acier, et pis encore sans en assurer la moindre réparation. »
Le métier et la corporation des haubergiers de Paris subsistent jusqu'à la Renaissance. Le premier vrai règlement les concernant, contenu dans le « Livre des métiers » d'Étienne Boileau, est repris et adapté à plusieurs reprises, dont la plus récente en 1571.
La taille de la maille, le diamètre de l'anneau, la section du fil, le matériau utilisé ainsi que ces deux variantes (aboutées ou rivetées) influencent le prix et la qualité de la protection. La maille aboutée est plus facile à fabriquer. Elle est constituée d’anneaux non-joints qui sont resserrés pour constituer la forme annulaire. A l'inverse, chaque maille rivetée est fermée à l’aide d’un rivet. Le premier type est donc bien moins résistant à la torsion ou à l’écartement que le deuxième. Il existe des variantes associant les fabrications aboutées et rivetées. Des mailles pleines peuvent également constituer des ensembles très solides, associée à des mailles rivetées.
Les cottes les plus courantes sont assemblées en mode « quatre pour un » (un anneau en relie quatre autres). Des versions montées en « six pour un », par exemple, apportent également une plus grande solidité.
Les mailles les plus conformes à l'histoire sont plates et rivetées.
Chemise, gambison, cotte de maille, haubert, tabard ou cape...
Calot, cervelière, heaume ou casque...
Épée à une main ou à deux mains...
Bouclier ou dague...
Finalement, est-ce l’équipement qui fait le chevalier ou est-ce le chevalier qui donne vie à son équipement ?
Même si au fil du temps les métaux ont évolué, même si les formes se sont modifiées, le symbole n'a jamais changé : préserver son combattant, combattre l'ennemi, appartenir à un clan ou une communauté mais surtout afficher haut et fort son identité !
Inventez-vous ou ré-inventez-vous si besoin, mais n'oubliez pas qui vous êtes.